A l’image de la question du titre, la situation sur les bienfaits du savon n’est pas toujours claire. Il y a ceux qui ne jurent et ne conçoivent leur hygiène que par le savon, et ceux qui sont sceptiques.
Globalement, il est notoire que le savon c’est bien, mais trop c’est mal (un peu comme tout en fait).
Evidemment, cette affirmation simpliste n’est pas tout à fait vraie, et c’est ce que nous allons voir maintenant.
Aujourd’hui, on considère que le savon est apparu environ un millénaire avant notre ère. Si les Sumériens, probablement, ne le connaissaient pas, il accompagnait déjà le quotidien des premiers Syriens, d’où le savon d’Alep, et était produit dans des villes méditerranéennes, du fait des routes commerciales, par exportation des phéniciens, à Marseille ou en Grèce.
Le mot Savon nous vient du Romain Pline, qui le décrit comme utilisé par les Gaulois. Savon viendrait du mot «sapo», qui est l’ancêtre commun du mot actuel dans de nombreux langages, latins ou non.
La cendre semblait être l’ingrédient principal du savon dans de nombreuses civilisations, qui le mélangeaient avec du laurier (principalement sur le pourtour méditerranéen), ou de la graisse de chèvre (pour les Celtes et les Germains).
Le savon est un produit solide ou liquide, issu d’une réaction chimique entre un corps gras et une base forte (à pH élevé). Cette réaction est la plupart du temps réalisée à chaud. Cependant, certains ingrédients permettent de le faire à froid, c’est ce qu’on appelle la saponification à froid. Cette méthode, artisanale, permet de produire des savons surgras riches en glycérine végétale. Pour cela, il faut mélanger un corps gras (huile végétale) et un agent alcalin (de la soude). De cette réaction apparait du savon et de la glycérine végétale. Contrairement aux réactions à chaud, en conservant cette glycérine végétale, le savon acquiert un véritable pouvoir hydratant.
Le savon est composé de molécules dites amphiphiles, ou encore amphi-polaires. Le principe de ces molécules (ou de ces ions) est simple : elles sont en deux parties, l’une hydrophile et lipophobe, et l’autre hydrophobe et lipophile. C’est à dire qu’une moitié de cette molécule présente des affinités avec l’eau et repousse les huiles ou les corps gras, tandis que l’autre moitié repousse l’eau et présente des affinités avec les corps gras.
Ainsi, la partie hydrophobe/lipophile fixe les molécules organiques que l’eau seule ne peut évacuer, tandis que la partie hydrophile/lipophobe s’associe à l’eau et est emportée par celle-ci lors du rinçage : c’est ce qui explique le pouvoir détergent du savon.
Pour faire simple, la moitié de la molécule accroche les corps gras qui forment les taches ou la saleté, et l’autre moitié se joint à l’eau utilisée par le rinçage, en emportant avec elle le corps gras tenu de l’autre côté.
C’est d’ailleurs pour cela que le savon mousse, une bulle de savon est en fait une fine couche d’eau prisonnière de molécules amphiphiles. L’effet de la gravité fait que les molécules vont avoir tendance à se tasser vers le pôle bas de la bulle, créant un trou sur le haut, d’où son éclatement.
Bien évidemment, le savon est aussi composé d’autres éléments. L’industrie cosmétique y ajoute des huiles essentielles, des arômes, des colorants et même des conservateurs.
Aujourd’hui, le savon présente dans notre société un réel engouement pour la production artisanale, au détriment de la production industrielle. Pour beaucoup, les modes de production industriels utilisent de nombreux produits chimiques dangereux pour la peau, et ils n’ont pas tout à fait tort.
Aujourd’hui, on constate des allergies ou mêmes des brulures dues à une utilisation de savon industriel. Ils présentent des parfums de synthèse (dont la composition chimique n’est pas détaillée), et des détergents chimiques qui peuvent provoquer des allergies ou des réactions cutanées (eczéma...).
On considère que 45% des allergies sont dues aux substances parfumantes, et 21% aux conservateurs ! Bien sûr, cela ne signifie pas pour autant qu’on ne peut être allergiques aux produits présents dans les savons artisanaux, il est important de toujours bien lire la fiche descriptive des ingrédients d’un produit avec de l’utiliser ou de le consommer. Toutefois, cette liste sera bien plus simple à déchiffre sur un savon artisanal, où les producteurs misent en plus sur le fait d’utiliser le moins de produits possibles, que sur un savon industriel, où la liste des ingrédients est souvent rédigée avec une toute petite police, et des noms souvent barbares.
Malheureusement, les allergies ne sont pas le seul risque auquel le savon industriel nous expose. Les agents stabilisants et conservateurs, EDTA, (utiles pour éviter au maximum une altération de l’aspect du produit, de son odeur), sont critiqués sur le plan toxicologique. En conséquence, leur présence dans un savon est limité à un certain pourcentage. Toujours est il qu’ils sont des agents irritants, aux conséquences incertaines sur le long terme.
En outre, les parabènes sont aussi remis en question, car il serait des conservateurs aux propriétés oestrogéniques, facteurs d’après l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé), de cancers.
Les savons industriels présentent des détergents de synthèse, comme le Sodium C12-13 Pareth Sulfate, et le Sodium Laureth Sulfate qui sont très irritants pour la peau, allergisants et toxiques à long terme. Cependant, ils sont bons marché et moussent très bien (le Sulfate Laureth de Sodium peut en plus contenir du 1.4-dioxane, classé potentiellement cancérigène par le CIRC – Centre International de la Recherche sur le Cancer – ).
Enfin, en plus de tous ces produits, il y a ceux en plus dont on pense aujourd’hui qu’ils sont sains pour nos peaux, et notre santé, mais qui sait ce qu’il en sera demain ?
Alors, ne vaut-il pas mieux se tourner vers le savon artisanal ?
Il serait trop facile de dire que le savon artisanal est absolument parfait pour notre peau. Comme évoqué plus tôt, bien que sa liste d’ingrédients soit bien plus courte et plus claire, il est toujours possible qu’un des ingrédients soit un potentiel allergène pour quelques personnes.
Cependant, ce qui est sûr, c’est que le savon artisanal présente beaucoup moins de produits chimiques dangereux pour notre épiderme (du fait justement de cette recette plus courte).
Le principal reproche que l’on pourrait lui faire est son pH qui est souvent basique alors que notre peau a un pH d’environ 5.5, donc plutôt acide. Cela peut provoquer un endommagement du film hydrolipidique, qui protège la peau et met environ 30 minutes à se reconstituer. Pour éviter ce désagrément, il est conseillé d’utiliser un savon artisanal surgras (précisons quand même que le savon industriel présente pour sa part souvent un pH plus en phase avec celui de la peau).
Ce n’est pas un sujet auquel on penserait tout de suite lorsque l’on parle de savon, or il mérite que l’on y prête une attention particulière.
Toutes les eaux utilisées pour le rinçage partent dans le circuits des eaux usées, qui sont traitées en station d’épuration. Si la majeure partie de la matière organique y est dégradée, une faible partie résiste et est rejetée dans les eaux de surface, comme les rivières ou les points d’eau, à l’équilibre fragile, qui peut être très perturbé par ces produits.
Aussi, le savon artisanal présente une nouvelle fois un avantage conséquent : il est fabriqué à l’aide de corps gras d’origine naturelle, donc à l’impact assez réduit sur l’environnement (et nul si le savon est 100% biodégradable). Ce qui n’est pas le cas des produits chimiques que nous avons cités plus haut (détergents, conservateurs... ne sont pas biodégradables), présents dans les savons industriels. Ainsi, ils stagnent dans les milieux naturels, dérivent dans les eaux marines, et s’accumulent jusqu’à atteindre des taux critiques et dangereux pour la vie en général.
Enfin, les emballages, aaaah les emballages ! Le débat est aujourd’hui ouvert sur la quantité d’emballages des produits industriels qui finissent en déchet et polluent... Ce qui n’est souvent pas le cas des savons artisanaux, qui, la plupart du temps, sont emballés dans une fine boite en carton recyclé.
Pour finir sur l’environnement, précisons que les savons industriels sont pour la plupart composés d’huile de palme, dont la production est une catastrophe de déforestation, alors que les savons artisanaux utilisent la plupart du temps de l’huile d’olive, ou des matières grasses naturelles, comme les beurres animaux ou végétaux.
Comme toujours, on fait ce qu’on veut. L’idée n’est pas d’empêcher qui que ce soit d’utiliser le savon qu’il veut, mais d’alerter sur les dangers que peuvent présenter certains savons.
Chacun consomme selon son âme et conscience, selon les connaissances qu’il a sur un produit.
Ici nous cherchons surtout à informer.
Le savon est un indispensable de notre quotidien, mais ne doit pas être utilisé à outrance sur l’ensemble de notre peau. Qu’il soit artisanal, ou industriel. Ce serait juste dommage qu’un outil aussi précieux deviennent dangereux.
Pour finir, n’oubliez pas de bien vous laver les mains plusieurs fois par jour pour éviter les bactéries ;) !
Sources :
Mes cours de Terminale S (bon élève !)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Savon